A tous les frères et sœurs des Oasis – Réalités de la
Koïnonia Jean Baptiste
Le Christ est ressuscité !
« Oui, il est bon, il est doux pour des frères de vivre ensemble et d’être unis ! » (Psaume 132, 1)
Chère sœur, cher frère,
L’année jubilaire que nous célébrons nous incite à réfléchir sur le grand don que le Seigneur nous a fait : faire partie d’une communauté d’amis. Ce carême revêt donc une signification particulière, celle de se réapproprier ce que le temps, l’éloignement et les diverses circonstances ont pu provoquer : un refroidissement de nos relations d’amitié, c’est-à-dire de notre identité de Koïnonia. Jésus Lui-même a dit : « je vous appelle mes amis » (cf. Jn 15, 15). Nous sommes tenus de répondre à ce don de l’amitié jour après jour.
Lorsque je suis entré dans la communauté de Camparmó, la phrase qui m’a le plus frappé dans la bouche de père Ricardo est celle-ci : que personne ne se considère comme un don pour les autres, mais plutôt que chacun considère l’autre comme un don. Dans sa simplicité, cette exhortation exprime l’essence de notre chemin de conversion, qui ne coïncide pas avec le fait de devenir bons, pieux, préparés, professionnels, des gens qui savent bien faire les choses… Autant de caractéristiques positives qui sont cependant marginales, voire un obstacle, si elles ne s’accordent pas avec l’essentiel : faire de soi un don pour l’autre. En d’autres termes, se faire ami.
La croissance et l’expansion de la communauté sont un fruit encourageant qui manifeste la bonté et la fidélité du Seigneur envers chacun de nous et envers Son œuvre glorieuse. En même temps, il est bon de se prémunir contre le risque d’ouvrir les portes à des sentiments d’orgueil, de prétention, de se sentir indispensables, comme si les mérites étaient les nôtres, tombant ainsi dans la mentalité typique du monde. Le Seigneur Jésus Lui-même, qui nous comble généreusement de Ses dons et de Ses charismes pour la croissance de la communauté, nous met en garde en nous disant que, du début à la fin de notre chemin, nous devons nous considérer comme des serviteurs inutiles (cf. Lc 17, 10).
Si quelqu’un développe une conscience différente, au point de se considérer comme un “serviteur utile”, il doit savoir que cette conviction le conduira, tôt ou tard, à se retrouver en dehors du corps de la communauté. Notre fierté est de rester frères, quelles que soient les fonctions ou les responsabilités, les “réussites” ou les “échecs”. Tout le reste n’est que bavardage.
Jean, dans sa première lettre, dit: « si nous marchons dans la lumière, comme il est lui-même dans la lumière, nous sommes en koïnonia les uns avec les autres » (1, 7). Par ces paroles, l’Esprit nous montre que la fidélité à l’amitié, en plus d’être un don, est une garantie que nous marchons dans la lumière, la transparence et la vérité. Ne nous laissons donc pas tromper par le diable, qui connaît bien la valeur et la transcendance de notre amitié.
En ce moment historique, caractérisé par la confusion, ce qui nous donne de la stabilité, c’est l’ami ; et rester ami, malgré tout, est le principal aspect prophétique de notre Koïnonia.
Chère sœur et cher frère, laissons-nous donc convertir en ce temps de grâce en nous adressant à nouveau aux frères et sœurs de notre communauté, à ceux avec qui nous partageons depuis des années la joie de notre cheminement, ainsi qu’aux plus jeunes, dans un langage accueillant, édifiant, affectueux et sincère. Saisissons toutes les occasions de vivre selon le style de l’Évangile : en pardonnant et en nous laissant pardonner. Jésus l’a dit : « À ceci, tous reconnaîtront que vous êtes mes disciples : si vous avez de l’amour les uns pour les autres » (Jn 13, 35). C’est la croix invisible mais concrète que chaque membre de la Koïnonia porte dans son cœur, la seule capable de fournir la joie et la paix, la seule qui garantit que le fruit demeure.
Reconquérons donc le don de l’amitié, en premier lieu avec le Seigneur Jésus, à travers la prière ; ensuite, par une confiance renouvelée dans nos frères et sœurs.
En te souhaitant un bon cheminement vers la Pâque de Résurrection, je te salue avec affection.
Even Sapir, 27 février 2025
P. Giuseppe De Nardi
Modérateur Général